Le parc de la Citadelle est situé sur la colline qui domine la ville au nord.
Il est situé à une altitude moyenne de 111 m par rapport à la Meuse et de 170 m par rapport au niveau de la mer.
Plan des fortifications
à la fin du XVIIe siècle
A : tour des Bégards
B : porte des Bégards
C : tour des Moxhons
D : porte Saint-Martin
E : porte sainte-Marguerite
F : bastion du Saint-Esprit
G : Hocheporte
H : rempart des Anglais
I : bastion du Clergé
J : porte Sainte-Walburge
K : citadelle
L : Païenporte
M : rempart des
Six-Cents-Degrés
N : porte de Vivegnis
O : bastion Saint-Léonard
P : porte Saint-Léonard
Q : porte Maghin
Le tracé de l'ancienne citadelle est encore clairement visible par sa forme pentagonale.
Présentation des fortifications de la citadelle (RCF Liège – 03/07/2018)
La citadelle
Le site de la citadelle de Liège est occupé depuis plusieurs siècles par des activités houillères et militaires.
Retracer l'histoire des diverses constructions qui s'y sont succédé peut paraître complexe tant les modifications sont multiples en rapport avec les différents occupants des lieux.
Les états successifs de la citadelle à travers le temps sont connus par les nombreux plans et dessins conservés dans les Archives nationales de Belgique, France et Pays-Bas.
Citadelle : forteresse qui commande une ville, autant pour la protéger que pour la dominer.
Évolution du site et des constructions
Début du XIIIe siècle : construction de la seconde enceinte de la cité ; la muraille passe au sommet de la colline.
1255 : le prince-évêque Henri de Gueldre fait ériger une forteresse dans le but de tenir les Liégeois en respect.
1269 : le 29 septembre, prise de la forteresse par les Liégeois. Celle-ci sera intégrée dans le système de fortification.
1486 : projet de reconstruction par Guy de Cannes, mambour de la principauté.
1650 : le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière reçoit de l'empereur l'autorisation de construire une forteresse. Il est fait appel à des ingénieurs allemands pour la construction. Les remparts sont formés de terre avec quatre pointes : Notre-Dame (au Six-Cents-Degrés), Saint-Lambert, Ferdinand ou des jésuitesses anglaises, et Maximilien. Le bastion de Sainte-Walburge existe depuis 1548.
1663 : début de la construction de la première citadelle en dur.
1671 : fin de la construction de la citadelle de forme pentagonale avec des bastions à chacun de ses angles et des demi-lunes.
Côtés campagne, les remparts sont bordés de fossés des Anglais au Six-Cents-Degrés.
La citadelle est entièrement intégrée à l'intérieur des murailles de la ville.
Les bastions portent maintenant les noms de Saint-Lambert, Saint-François, Sainte-Marie, Saint-Maximilien et Saint-Henry.
La chapelle Sainte-Balbine est située au centre de la citadelle.
Comparaison de la forteresse en 1650 (•) et de la véritable citadelle en 1671 (•).
A : bastion Ferdinand ou des Anglais (jésuitesses) ; B : bastion Maximilien ; C : ancien bastion de Sainte-Walburge (depuis 1548) ;
D : bastion Notre-Dame (au Six-Cents-Degrés) ; E : bastion Saint-Lambert.
1 : bastion Saint-Lambert ; 2 : bastion Saint-François ; 3 : bastion Sainte-Marie ; 4 : bastion Saint-Maximilien ; 5 : bastion Saint-Henry.
Les bastions 1, 4 et 5 sont équipés d'un cavalier représenté ci-dessus par un rectangle bleu.
P1 : porte de Pierreuse ; P2 : porte de Sainte-Walburge ; R : ravelin devant la porte d'entrée de la citadelle.
1675 : les Français prennent la citadelle.
1676 : les Français démolissent la citadelle par crainte qu'elle ne tombe aux mains de leurs ennemis. Les bastions, les demi-lunes et une partie des anciens remparts sont minés.
1684 : le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière fait reconstruire la citadelle.
1689 : le traité de Versailles, qui garantit la neutralité liégeoise, requiert la démolition de la citadelle.
Plan des ville et citadelle en 1694.
1691 : les troupes françaises commandées par le maréchal de Boufflers, bombardent la ville depuis la colline de la Chartreuse (guerre de la Ligue d’Augsbourg 1686-1697).
1692 : le général hollandais Menno van Coehoorn s'installe à Liège pour organiser la défense de la ville. Sur la rive gauche de la Meuse, il fait établir des tranchées successives protégées par des talus palissadés. Un front de lignes s'étend de Tilleur à Saint-Gilles et un autre de Saint-Nicolas-en-Glain à Ans. Ce système, basé sur la mobilité des troupes légères soutenues par une importante artillerie, est nettement moins coûteux et il a la préférence de van Coehoorn qui s'intéresse peu à la citadelle.
Le bastion Saint-François porte également le nom de bastion des Marchands.
Sur un plan de 1695, présentant les états ancien et nouveau, on peut se rendre compte des modifications apportées (voir ci-dessous).
Sur l'ancienne situation, les bastions Saint-Lambert [1] et Saint-François [2] sont à orillon
sur une seule face vers la courtine 1-2. Le bastion Sainte-Marie est doublé par une lunette asymétrique dont l'angle rejoint la muraille des Six-Cents-Degrés.
Dans la nouvelle situation, le bastion Saint-François [2] est réduit et l'orillon est supprimé. Le bastion Sainte-Marie est transformé et la lunette est supprimée. Cette transformation du bastion allonge la courtine 2-3 qui s'en trouve ainsi moins bien protégée.
Ancienne situation.
Nouvelle situation.
1701 :
début de la guerre de Succession d'Espagne.
Vauban charge l'ingénieur Jacques de la Combe d'établir un projet de remise en état de la citadelle.
1702 : l'ingénieur Filley rédige un rapport adressé à Vauban. Il y décrit l'état de la citadelle comme étant lamentable et précise qu'il faudrait des budgets considérables pour la rétablir. Vauban décide alors de venir à Liège où il séjourne du 3 mai au 1er août. Sa mission est principalement diplomatique et vise à tenter de convaincre le prince-évêque de prendre en charge le coût des travaux.
Plan de la citadelle en 1702, d'après Louis Filley.
A : vestiges de la forteresse de 1650. B : redents. C : contrescarpe du chemin couvert.
D : ancien retranchement de van Coehoorn. E : projet de redoute. F : les Six-Cents-Degrés.
En hachure : ouvrages en mauvais état.
1702 : du 20 au 23 octobre, les alliés font le siège de la citadelle qu'ils reprennent aux Français (guerre de Succession d'Espagne).
L'attaque se fait depuis le Haut-des-Tawes où van Coehoorn a installé son artillerie (à l'emplacement de l'actuel terril de Batterie). Les tirs permettent d'ouvrir une brèche dans le flanc du bastion 3 (en E sur le plan ci-dessous).
Plan de la citadelle et état des lieux le 23 octobre 1702.
A : batteries placées au Haut-des-Tawes. B : retranchement pris aux Français.
C : tranchées d'approche. D : retranchement continu. E : la brèche. F : réduit de la place d'armes.
1703 : par les traités de Namur (13 février) et d'Utrecht (31 mars), les Liégeois achètent à prix d'or leur neutralité à la France et à la Hollande. Toutefois, la confiance ne règne pas et, très rapidement, les Hollandais envisagent la construction de nouveaux bastions pour la citadelle.
1707 à 1711 : réalisation des travaux de construction. L'organisation intérieure de la citadelle est maintenue, mais les fossés et les contrescarpes sont améliorés et défendus par de nouveaux bastions et demi-lunes. Première citadelle hollandaise.
Plan de la citadelle en 1711.
A : bastion de Nassau ; B : bastion d'Orange ;
C : bastion Du Mée ; D : bastion Rochebrune ;
E : redoute du Clergé.
1713 : le traité d'Utrecht rétablit la paix entre la France et les Provinces-Unies.
1714 : le traité de Rastadt rétablit la paix entre la France et l'Empire (fin de la guerre de Succession d'Espagne).
1715 : le traité de la Barrière (15 novembre) est signé à Anvers entre l'Empire et les Provinces-Unies. Ce traité stipule que certaines places fortes seront démantelées, c'est le cas de la citadelle de Liège.
Plan des démolitions prévues en 1715.
Destruction des bastions et de la redoute du Clergé
construits par le Hollandais de 1707 à 1711.
1717 : suite au traité de La Haye, les troupes étrangères quittent le pays, mais les ouvrages côté campagnes doivent être démolis. Les ouvertures seront fermées par une muraille droite. Les bastions dirigés vers la ville et les ouvrages construits avant la dernière guerre seront maintenus.
1815 : période hollandaise. À la suite de la défaite napoléonienne, le Congrès de Vienne rattache le territoire aux Pays-Bas.
Plan de la situation en 1816.
• les bâtiments à détruire.
1816 : le roi Willem approuve le projet de reconstruction proposé par Camerlingh.
1817 : la reconstruction nécessite des expropriations qui entraînent la disparition de la chapelle Sainte-Balbine, de la porte Sainte-Walburge et du bastion du Clergé. Les bastions 1 et 2 sont entièrement reconstruits ; ils sont séparés de l'enceinte par une place d'armes de 10 m de largeur et comprise entre le mur tournant et le tambour fermant la gorge de ces bastions. Ces bastions sont protégés par une contre-garde. Deux lunettes constituent les éléments les plus avancés du système défensif pour couvrir le Fond-Pirette, le plateau de Sainte-Walburge et le Fond-des-Tawes. Pour couvrir les courtines 3-4 et 4-5, deux demi-lunes sont construites. Le glacis mesure 35 à 40 m côté campagne et 10 m côté ville où il rejoint la pente de la colline. Seconde citadelle hollandaise.
Plan du projet de Camerlingh en 1817.
C : contre-garde ; F : lunette ; L : demi-lune ; T : tenaille.
1830 : naissance de la Belgique en tant qu'état indépendant.
1891 : la citadelle est déclassée en tant que forteresse, ainsi que le fort de la Chartreuse. Les progrès de l'artillerie ont nécessité la construction d'une ceinture de douze forts entourant Liège. Dès lors, la citadelle devient une simple caserne dépouillée des ses sapeurs-mineurs et de son artillerie.
1911 : le 28 septembre, le 12e de Ligne s'installe à la citadelle.
Entrée de la caserne.
Sous le pont, le fossé a été partiellement comblé.
À l'avant-plan, les restes de la demi-lune 1-2.
À l'arrière plan à gauche, on aperçoit le flanc du bastion 1.
Vue de l'intérieur de la caserne.
Les ateliers, la boucherie et le mess de la troupe.
Vers 1929.
Le magasin à poudre du XVIIe siècle avait été transformé en chapelle après le déclassement de la citadelle.
Plan de la citadelle au XXe siècle.
• les boulevards du parc ; • B1, B2, B3 : abris en béton ; P : porte.
Tour de décontamination atomique.
Dans les années qui précèdent la seconde guerre mondiale, trois abris en béton armé sont construits. Après la guerre, une tour de décontamination atomique sera ajoutée au troisième abri accolé à la courtine 4-5. Un mât avec une antenne radio, placé en 1978 à côté de la tour, a été remplacé en 1982 par un pylône métallique (aujourd'hui disparu).
En janvier 1967, le CPAS a fait l'acquisition des lieux et la citadelle est destinée à la destruction. Sous l'Ancien Régime cette nouvelle eut été accueillie par des cris de joie ; il n'en fut pas de même à notre époque. Seul un peloton de surveillance occupait les lieux depuis 1963 et la végétation avait commencé à prendre possession des lieux.
En 1974 commençait le chantier de construction de l'hôpital de la Citadelle. Le gros-œuvre était terminé en 1978.
En raison des nombreuses galeries souterraines et des puits verticaux, 650 pieux forés ont été utilisés pour ancrer les fondations dans le rocher. Les pieux ont une longueur moyenne de 12 m.
Les vestiges
De nombreux vestiges de la citadelle sont encore visibles : les bastions 2, 3, 4 et 5 ; les demi-lunes 3-4 et 4-5 ; la poterne d'accès et la place d'arme devant le bastion 2 ; le puits d'alimentation en eau.
C'est sur le bastion 2 qu'a été établi l'enclos des Fusillés en mémoire des martyrs de la seconde guerre mondiale.
En rouge (•) sont indiqués les vestiges conservés.
Techniques de construction
La citadelle est construite en briques et pierre calcaire. Le calcaire est utilisé pour les pierres d'angle, les cordons, les parpaings (utilisés uniquement dans la première construction), le parement du bas des murs et les fondations.
La citadelle de 1663 est construite sur le site de l'ancienne forteresse.
Les fondations atteignent une profondeur de 1 m et dépassent de 0,5 m vers l'extérieur.
Les murs sont constitués de briques mises en boutisse pour augmenter la résistance aux chocs. Toutefois, pour assurer un chevauchement régulier, un lit de briques sur deux commence par un retrait d'une demi-brique, le vide étant alors comblé par des briques placées en longueur. La dimension des briques et de 21 x 10 cm.
Les murs doivent résister à la pression des terres qu'ils soutiennent ; ils sont donc inclinés vers l'intérieur d'un angle de 10°, ce qui représente un dévers de 0,173 m pour 1 m en hauteur.
Pour obtenir cette inclinaison des murs sans créer de gradins par le retrait successif des lits de briques, les maçons ont légèrement incliné les briques de parement. On peut aujourd'hui se rendre compte de cette technique en observant les endroits endommagés.
Les mêmes techniques de construction ont encore été utilisées en 1817, à l'exception près que, cette fois, les murs sont verticaux.
Dimensions des murs :
Ouvrages
Hauteur sous le cordon
Épaisseurs des murs à la base au sommet
Bastions et courtines
Demi-lunes
Contrescarpe
9 m
7 m
4 m
2,80 m
2,45 m
1,90 m
1,20 m
1,20 m
1,20 m
Inclinaison des murs
du XVIIe siècle.
Dans le prolongement, le mur reconstruit en 1817 est vertical.
Disposition des briques de parement .
Inclinaison des briques de parement.
La largeur des fossés est de 10 à 11 m devant les ouvrages et de 20 m au moins entre les courtines.
Au-dessus du cordon, les terres du parapet ont une épaisseur (en largeur) de 4,70 m et elles sont retenues par un muret de 1 m de hauteur et 0,60 m d'épaisseur. Plus tard, le muret sera supprimé et les terres du parapet seront réduites à une épaisseur 3,50 m avec un prolongement suivant une pente de 45° jusqu'au cordon. Dans tous les cas, les terres du parapet sont retenues par un clayonnage.
La banquette de tir est située 1,30 m plus bas que le sommet du parapet ; sa hauteur est d'environ 1 m et sa largeur doit être suffisante pour supporter les pièces d'artillerie. Vient ensuite le terre-plein du rempart où les troupes peuvent se déplacer à couvert. Ce terre-plein est large de 7 à 8 m dans les bastions et les courtines et il se termine par une pente à 45° qui descend jusqu'au corps de place situé à 5 m en contrebas. Dans les demi-lunes, le terre-plein ne fait que 3 à 4 m de large. L'accès aux terre-pleins se fait par une ou deux rampes de terre.
Le parc de la Citadelle
Les nouveaux boulevards dans le parc de la Citadelle.
Le boulevard côté ville a été aménagé sur l'ancien chemin couvert. On distingue le fossé et le mur de contrescarpe.
Vers 1912.
Le déclassement de la citadelle en 1891 conduit à de nombreux changements. En 1904, une grande partie des terrains sont cédés à la ville avec pour conditions d'y aménager un parc public. En 1908, le boulevard circulaire était terminé et le domaine offrant une vue panoramique sur la ville, devenait un lieu de promenade apprécié des Liégeois. Le boulevard est établi sur l'ancien chemin couvert.
Le parc de la Citadelle aujourd'hui.
Le bois Fabry et le bois des Carmélites
Le bois Fabry se situe dans le prolongement du bastion Sainte-Marie (3), à l'extrémité de l'actuelle rue des Glacis. Il constitue la pointe de la colline de la citadelle en direction du Fond-des-Tawes. La pente du côté de la Meuse est boisée ; le plateau et la pente vers le Fond-des-Tawes est une prairie où paisent les moutons. Le bois tire son nom de l'ancien propriétaire du site, la famille Fabry dont Jacques-Joseph Fabry (1722-1798) fut bourgmestre de Liège en 1770, 1783, 1789 et 1790.
La ferme a été exploitée jusqu'en 1978, année de la mise en vente par le charbonnage de Batterie des terrains et des bâtiments, obligeant les derniers occupants à quitter les lieux. Peu de temps après, le site a été classé en zone verte, obligeant le nouveau propriétaire à renoncer à son projet immobilier. La ferme et la grange ont été laissées à l'abandon avant d'être rasées. La ville de Liège a racheté les terrains en 1980 pour en faire un espace vert ouvert au public.
La laiterie se trouvait à l'entrée
du chemin privé menant à la ferme Fabry. On y servait du lait de la ferme Fabry pour les promeneurs du parc.
La laiterie était aussi le bâtiment administratif du camping communal situé à l'emplacement de l'actuel terrain de football jusqu'en 1958.
Entrée du bois Fabry
dans le parc de la Citadelle.
Sentier dans le bois Fabry.
Bois Fabry.
Le bois des Carmélites est à flanc de colline et fait face à la courtine 3-4.
On peut encore y voir la muraille du XIIIe siècle qui escalade la colline de Saint-Léonard à Païenporte. Le mur est composé de moellons de grès houiller.
Le bois est une ancienne propriété du couvent des carmélites qui était établi en ville au pied de la colline. Les bâtiments du monastère furent détruits en 1939 ; il ne reste que l'église Sainte-Barbe qui est mise à disposition de la communauté grecque orthodoxe depuis 1965.
Bois des Carmélites.
Vestiges du rempart du XIIIe siècle dans le bois des Carmélites,
au lieu-dit de Païenporte.
Aujourd'hui, les deux bois, tout comme le parc de la Citadelle sont propriété de la ville de Liège et sont accessibles au public pour la promenade.
Des sentiers balisés y ont été aménagés.
L'enclos des Fusillés
L'enclos des Fusillés se situe à l'intérieur du bastion 2.
En 1946, le fossé a été comblé afin de permettre l'accès à l'enclos des Fussilés sans passer par la caserne. Cette entrée, appelée le pont, a été inaugurée le 12 octobre 1947.
Entrée de l'enclos des Fusillés.
Le cimétière de l'enclos des Fussilés compte plus de quatre cents tombes.
Le nombre de personnes signalées comme ayant été exécutées à la citadelle s'élève à 197.
À l'origine, le cimetière comptait 418 croix, sans tenir compte de celle de l'abbé Voncken, l'aumonier de la citadelle qui accompagnait les condannés et qui a tenu à reposer auprès d'eux. On y recense 10 nationalités : 377 Belges, 10 Luxembourgeois, 1 Espagnol, 6 Français, 1 Hollandais, 1 Italien, 10 Polonais, 10 Russes, 1 Serbe et 1 Américain.
Une des curiosités les plus intéressantes du parc de la Citadelle est certainement le puits de Païenporte.
Le puits de Païenporte est à l'origine un bure ou puits de mine servant à l'extraction du charbon. Il a été creusé à partir du XIVe siècle et exploité comme tel jusqu'au XVIIe siècle.
En 1577, le bure était exploité par Matthieu de la Porte.
Le bure coupait plusieurs gîtes de houille qui devinrent communs aux houillères de la Plomterie, de la Vigne, du Vieux et du Nouveau Bâneux, voire du Bayard. Le puits communiquait avec le bure de la Vigne par les couches dites du Rosier et Pestay.
En 1650, le puits est englobé dans le périmètre de la citadelle en construction où il servira alors pour l'alimentation en eau. Il atteint une profondeur de 98 m.
En 1705, le puits est recouvert d'une voûte à l'épreuve des bombardements.
En 1813, le puits est comblé par les Français, puis déblayé en 1820 jusqu'à 99 m de profondeur.
Le 15 septembre 1825, il est asséché, les eaux ayant été captées par un coup d'eau de la houillère de la Plomterie. Il est
alors approfondi jusqu'à 125 m. Le 17 mai 1835, il est à nouveau asséché par la houillère de la Vigne et approfondi jusqu'à 128 m.
Au début du XXe siècle, le puits n'est plus utilisé avec la mise en œuvre du réseau d'alimentation en eau.
Dans les années 70, le puits est rouvert par des spéléologues qui installent un échafaudage sur celui-ci afin d'y descendre. Ne bénéficiant plus d'aucun système d'aération, le puits s'était chargé en monoxyde de carbone. Jugé dangereux, il est à nouveau abandonné.
En 1993, le puits est à nouveau rouvert et, en 1994, le club de spéléologie Abyss signe une charte d'adoption du site et s'engage à entamer des travaux d'aménagement et d'entretient. Aujourd'hui, le puits est utilisé comme site d'entraînement pour les spéléologues et les pompiers. Il est accessible aux visiteurs lors de certaines visites organisées.
Actuellement, le niveau de l'eau est stabilisé à une profondeur de 105 m.
Le diamètre du puits est de 4,2 m dans la partie supérieure et de 3,6 m dans la partie inférieure.
Entrée du puits de Païenporte.
Margelle du puits.
Dans la profondeur du puits.
La galerie pour le cheval.
L'eau était puisée au moyen d'un treuil actionné par des hommes grâce à une roue aménagée en 1705. À partir de 1834, on installa un cylindre actionné par un manège mis en mouvement par un cheval. La manœuvre s'effectuait durant toute la journée. Deux énormes tonneaux suspendus à des câbles montaient et descendaient alternativement. Chaque ascension durait 7 à 8 minutes.
Le puits de Païenporte communique avec l'areine de Richonfontaine qui se déverse en Hors-Château. Cette areine alimente aujourd'hui encore la fontaine Saint-Jean-Baptiste en Hors-Château.
Dans un rapport du 24 janvier 1702 adressé à Vauban, l'ingénieur Louis Filley parle du puits en ces termes : « Il y a dans cette Citadelle un très beau, et très bon puy, mais il en cousteroit trop pour le mettre a couvert de la bombe. » (§ 44).
Classements :
Les casemates et le puits de Païenporte sont classés depuis le 21/12/ 1977.
Les vestiges des courtines et des bastions sont classés depuis le 11/10/1982.
Le mur d'enceinte du XIIIe siècle (dans le bois des Carmélites) est classé depuis le 23/03/1988.
À ce jour, les demi-lunes ne sont pas classées.
Navigation virtuelle dans le parc
* Les tracés schématiques de la citadelle aux différentes époques ont été réalisés sur base des plans et dessins conservés dans les archives.
Prochaines balades et visites guidées :
Jeudi 14 novembre : Les fortifications de la citadelle (visite guidée – infos)
Dimanche 2 mars 2025 : Trou de Bra et la vallée de la Lienne (balade guidée – infos)
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