L'année
980 où l'évêque Notger reçoit de l'empereur Otton II un
diplôme lui accordant le pouvoir temporel, est communément
choisie comme point de départ de l'histoire de la principauté
de Liège. Cette date est toutefois symbolique car le territoire
de la principauté, tel qu'il se présentait à la fin de l'Ancien
Régime était le résultat d'une succession d'événements qui
eurent lieu dans les années, voire dans les siècles qui
suivirent cette date. Ainsi, c'est en 985 que Notger reçut
de Otton III le comté de Huy, et le comté de Looz ne fut
réuni à la principauté qu'au XIVe siècle. La
cité de Liège était à la fois cité épiscopale et capitale
d'un état d'empire, en l'occurrence la principauté de Liège
qui était un état indépendant mais vassal du Saint Empire
romain de la nation germanique.
Plus
de 360 états formaient cet empire. Le territoire morcelé de la principauté était la conséquence d'un agrandissement
non par des conquêtes, mais uniquement par des achats (Bouillon)
et des legs (Looz). Ainsi, il y avait des enclaves liégeoises
dans les états voisins (ex. Hgaarden dans le Brabant,
Crupet et Dorinne dans Namur) et des enclaves étrangères
dans la principauté (ex. Fallais faisait partie du Brabant).
Ces dernières étaient d'ailleurs très diversifiées : Brabant,
Namur, Luxembourg, Bouillon, Stavelot, Trèves, Cologne,
France, Provinces-Unies et Fagnolles.
Les
extensions géographiques maximales de la principauté étaient
: Luijksgestel au nord, Petite-Chapelle au sud, Neer et
Jalhay à l'est, Fontaine-Valmont à l'ouest.
Le
territoire de la principauté regroupait Liège, le comté
de Looz, le comté de Hornes, le marquisat de Franchimont
et le duché de Bouillon, dont les armoiries se retrouvent
toutes sur le blason de
la principauté, ou sur l'actuel balson de la province
de Liège.
La
principauté était divisée en quartiers : cinq en banlieue liégeoise
et dix hors-banlieue. Les quartiers de banlieue étaient :
Amercur, Avroy, Sainte-Marguerite, Sainte-Walburge et Saint-Léonard.
Les quartiers hors-banlieue étaient : Amont, Condroz, Entre-Sambre-et-Meuse,
Franchimont, Hesbaye, Horn, Looz, Moha, Montenaken, Stokkem.
De plus, il y avait sept seigneuries allodiales qui constituaient
le patrimoine de St-Lambert et qui étaient indépendantes
des Prince et États en matière d'impôts et de contributions.
La
principauté de Liège comptait vingt-trois
bonnes villes : Liège, Beringen, Bilzen, Bree, Châtelet,
Ciney, Couvin, Dinant, Fosses-la-Ville, Hamont, Hasselt,
Herk-de-Stad, Huy, Looz, Maaseik, Peer, Sint-Truiden, Stokkem,
Thuin, Tongeren, Verviers, Visé, Waremme. À ces bonnes villes,
il faut adjoindre deux villes sous co-administration liégeoise
: Bouillon et Maastricht.
À
la fin de l'Ancien Régime, la principauté de Liège occupait
un territoire de
5 697 km², couvrant environ 1/5 de la Belgique actuelle.
Il ne faut pas confondre ce territoire avec celui du diocèse de
Liège qui, avant la réforme de 1559, s'étendait sur quelques
20 000 km². À titre de comparaison, le royaume de Belgique
couvre 30 527,91 km² et la province de Liège 3 862,30 km².
À
la fin du XVIIIe siècle, la principauté comptait
environ 400 000 habitants ; la cité de Liège environ 32 000
et les faubourgs de Liège environ 23 000.
Après
plus de huit siècles d'existence, la principauté de Liège
disparaît le 1er octobre 1795 avec la décision du rattachement à la France. Une page de l'histoire liégeoise était ainsi
définitivement tournée .
Fabrice
MULLER, 2000. |