Les
bonnes villes de la principauté de Liège
Visé
Liste
des bonnes villes
Visé
est évangélisée au VIIe
siècle par saint Lambert qui y fait construire une église.
Elle est mentionnée la première fois en 870 lors
de la succession de Charlemagne. Il s'agit alors d'une localité
d'étape sur le cours de la Meuse ainsi que d'un lieu de
passage du fleuve avec un pont construit au XIe
siècle. Cela explique certainement le succès du
marché de Visé entre le Xe
et le XIIIe
siècles.
Le roi de Germanie, qui y perçoit
un tonlieu, l'abandonne en 983 au chapitre cathédral de
Liège qui conserve alors les droits seigneuriaux sur la
localité jusqu'en 1310, moment où ces droits sont
cédés au prince-évêque Thibaut de Bar.
C'est en 1330 que Visé s'entoure d'une muraille. Il semble
qu'elle ait joui de privilèges urbains dès cette
époque, mais la première charte de franchise est
seulement acquise en 1429 de l'évêque Jean de Heinsberg,
date à laquelle Visé devient une Bonne Ville de
la principauté de Liège et peut être représentée
aux États du pays.
Si Visé doit sa prospérité
commerciale à sa situation géographique sur la Meuse
à mi-chemin entre Liège et Maastricht, cette position
est néanmoins dangereuse du point de vue militaire comme
la ville a pu en faire plusieurs fois l'expérience au cours
de son histoire. En 1106, elle connaît la bataille du pont
de visé, opposant les Liégeois et l'empereur Henri
IV face au fils révolté de ce dernier. L'évêque
Jean d'Arckel assiège la ville en 1376. En 1468, après
avoir détruit Liège, Charles le Téméraire
rase l'enceinte de Visé. Louis XIV fait de même en
1673 avant d'y établir son quartier général
lors du siège de Maastricht et oblige les visétois
à démanteler leur ville. Enfin, lors de l'invasion
allemande en 1914 qui se voit retardée par les forts de
la place de Liège, les envahisseurs se vengent en incendiant
et en détruisant la quasi-totalité de la ville de
Visé. Dès la fin de la guerre, les habitants s'emploient
à reconstituer leur patrimoine architectural. La reconstruction
fidèle de l'hôtel de ville dans son style Renaissance
mosane, en est un exemple réussi.
En 1338, les chanoines de Celles,
avec la châsse de saint Hadelin, viennent s'installer dans
l'église Saint-Martin de Visé. Ce chapitre est supprimé
en 1797 à la suite de la période révolutionnaire.
Aux Temps Modernes, d'autres communautés religieuses s'établissent
à Visé : des chanoinesses régulières
de Saint-Augustin en 1616 ; les Récollets en 1660 à
la demande du seigneur de Warsage, Barthelemy de Charneux ; les
Carmes en 1691 ; et en 1751, Gilles-Lambert de Villenfagne y fonde
un collège d'enseignement secondaire. Toutes ces communautés
religieuses sont supprimées à la fin du 18e siècle.
Également détruite
en 1914, la collégiale Saint-Martin n'a gardé que
son chœur (1500) comme partie d'origine. La châsse
de saint Hadelin y est conservée dans une chapelle du transept.
Cette châsse, réalisée vers la fin du 12e
siècle, est un chef-d'œuvre de l'art mosan. Elle présente
la forme d'un sarcophage et est recouverte de panneaux en argent
repoussé illustrant des épisodes de la vie du saint.
Les pignons proviennent d'une châsse plus ancienne (1046)
et représentent, d'une part, le Christ foulant l'aspic
et le basilic, et d'autre part, les deux saints Remacle et Hadelin.
Saint Hadelin est le fondateur du monastère de Celles au
VIIe siècle, dont
la communauté a émigré vers Visé au
14e siècle.
Aujourd'hui, Visé tire
parti de sa situation frontalière avec les Pays-Bas sur
le cours de la Meuse. L'ancien couvent des Sépulchrines,
reconstruit après la guerre, abrite le Musée régional
d'Archéologie et d'Histoire de Visé. Visé
est la cité de l'oie et le folklore local est animé
par la gilde des arbalétriers fondée en 1310, et
assistée par la compagnie des arquebusiers depuis 1579.
Plusieurs musées leur sont consacrés.
À proximité, la
réserve naturelle de la montagne Saint-Pierre recèle
une variété biologique à caractère
méridional. Des affleurements calcaires expliquent partiellement
la présence d'une flore inhabituelle pour la région.
Différentes espèces d'insectes, d'oiseaux et de
mammifères peuvent y être observés. Cette
réserve est malheureusement menacée par l'extension
des carrières qui alimentent les cimenteries de Lixhe,
le long du canal Albert.
Visé, qui est située
à un jet de pierre de la frontière des Pays-Bas,
est dénommée Wezet en néerlandais.