Les
bonnes villes de la principauté de Liège
Sint-Truiden
Liste
des bonnes villes
Dès
l'époque romaine, un noyau habité existe le long
de la chaussée Bavay-Tongres-Cologne. Vers 650-660, saint
Trond - ou Trudon - fonde une abbaye sur le domaine de ses parents,
gros propriétaires fonciers locaux. L'abbaye et ses domaines
sont ensuite offerts à l'évêque de Metz et
elle devient bénédictine vers 850. Enrichie par
des donations, elle constitue un très vaste domaine. Au
même moment, Saint-Trond devient un lieu de pèlerinage
très fréquenté. Détruite par les Normands
à la fin du IXe
siècle, l'abbaye est reconstruite au siècle suivant.
La ville est alors sous la co-souveraineté de l'évêque
de Metz et de l'abbé de Saint-Trudon. En 1227, suite à
un échange, tous les biens et droits de l'évêque
de Metz deviennent possession de l'évêque de Liège
qui, par la même occasion, devient co-seigneur de la ville.
Saint-Trond devient dès lors une bonne ville de la principauté.
La ville est fortifiée
dès le XIe siècle
et scindée en deux seigneuries distinctes. Cette situation
de double seigneurie est la cause de conflits répétés.
Chaque seigneur y nomme sept échevins et un bailli qualifiés
pour exercer la justice dans leur propre territoire. Toutefois,
ils siègent presque toujours comme un seul banc échevinal
et appliquent le droit liégeois.
Pendant tout le Moyen Âge,
Sint-Truiden est un important centre drapier dont les produits
se vendent sur les marchés français et allemands.
À partir du XIVe
siècle, un important marché aux bestiaux contribue
également à l'essor de la ville.
La ville est plusieurs fois détruite
et conquise : en 1347 par le duc de Brabant, en 1467 par Charles
le Téméraire, en 1568 par le prince d'Orange et
en 1672 par les Français.
De très nombreuses communautés
religieuses s'établissent sur le territoire de la ville
: Frères Minimes au 13e siècle, Cisterciennes à
Terbeeck en 1221, Bénédictines à Nonnemielen
vers 1194, Chevaliers de l'Ordre teutonique à la commanderie
de Bernissem en 1240, Bégards au XIIIe
siècle - devenu le Petit-Séminiare en 1590 -, béguinage
de Sainte-Agnès en 1258, chanoinesses de saint Augustin
à Sint-Luciëndal en 1416, Franciscaines à Steenaert
vers 1394, Alexins en 1473, Sœurs Grises en 1532, chanoinesses
du Saint-Sépulchre en 1539, Capucins en 1614 et Capucines
en 1640.
Aujourd'hui, Sint-Truiden possède
l'un des plus grands marchés aux bestiaux et les deux plus
grandes criées aux fruits de Belgique.
La ville est riche en patrimoine
architectural comme en témoignent les nombreux monuments
accessibles au public. De l'ancienne église abbatiale,
seule la tour - en partie du XIe
siècle, remaniée et rehaussée en style gothique
- a été conservée ; le porche baroque date
de 1655 et les bâtiments abbatiaux du XVIIIe
siècle. La salle dite impériale, dans le quartier
de l'abbé, est décorée de peintures murales
réalisées en 1770 par l'italien Caldelli. L'église
Saint-Pierre remonte au XIIe
siècle et posséderait la plus ancienne voûte
romane de Belgique, bien que cela ne soit pas vérifié,
l'église ayant fortement été remaniée.
Le béguinage de Saint-Agnès, fondé en 1258,
possède une église gothique aujourd'hui transformée
en musée d'art religieux. L'édifice est remarquable
par son intérieur qui renferme 38 peintures murales réalisées
du XIIIe au XVIIe
siècle. La Grand-Place est dominée par la collégiale
Notre-Dame et l'Hôtel de Ville. Ce dernier est un gracieux
édifice flanqué d'un beffroi du XVIIe
siècle abritant un carillon de 41 cloches. Au pied du beffroi,
le perron date de 1596.
En français : Saint-Trond.