Bouillon
est encastrée dans la vallée profonde de la Semois,
en Ardenne, à un endroit où la rivière décrit
une large boucle. La localité est surtout connue pour son
château qui évoque Godefroid de Bouillon.
Selon la tradition, le château
fort primitif aurait été construit au VIIIe
siècle. Ce qui est sûr, c'est qu'en 1050, le donjon
central et les deux donjons adventices sont en place. Les autres
ouvrages défensifs datent de l'époque moderne et
c'est Vauban en 1679 qui donne son aspect définitif au
château.
Bouillon fait partie de la Lotharingie
et, à partir de 959, de la Basse-Lotharingie. La première
mention de la localité apparaît en 988, époque
à laquelle le château appartient à la Maison
d'Ardenne. C'est au pied du château, au bord de la rivière
que se développe le noyau urbain. En 1082, Godefroid de
Bouillon, fils d'Eustache de Boulogne et d'Ulda d'Ardenne, et
neveu de Godefroid le Bossu, hérite du duché de
Basse-Lotharingie. Quelques années plus tard, le même
Godefroid décide de prendre part à la première
croisade prêchée par le pape Urbain II. Pour financer
son expédition, il vend en 1096 son duché à
l'évêque de Liège, Otbert. Godefroid participera
à la prise de Jérusalem en 1099 et sera proclamé
Gardien du Saint-Sépulcre après avoir refusé
le titre de roi de la ville sainte ; il y mourra en 1100 à
l'âge de 39 ans et sera enseveli dans l'église du
Saint-Sépulcre au pied du calvaire. Bien que le contrat
de vente conclu avec l'évêque permettait le rachat
du duché au même prix par Godefroid et ses trois
futurs successeurs, l'option ne fut jamais exercée et le
duché resta propriété de l'évêque
de Liège.
Suite à cet achat, le
titre de duc de Bouillon revient donc au prince-évêque
de Liège. Toutefois, il semble bien qu'à l'époque
de Godefroid, le titre n'était pas utilisé, la première
mention apparaissant seulement en 1456 avec Jean de Heinsberg
sous la forme "par la grâce de Dieu évêque
de Liège, duc de Bouillon, comte de Looz, ..."
et étant utilisée jusqu'en 1794.
Bouillon reste possession liégeoise
jusqu'en 1678 avec cependant quelques interruptions. Elle est
une première fois prise par le comte de Verdun et reprise
par les Liégeois en 1140. À partir de 1415, le château
est confié à la famille de La Marck qui va régner
en maître sur le duché, notamment avec Guillaume
de La Marck, surnommé le Sanglier des Ardennes. C'est l'empereur
Charles Quint qui rend Bouillon aux Liégeois en 1521. En
1552, le roi de France, Henri II, prend Bouillon qui revient à
Liège après la paix de Cateau-Cambrésis en
1559. Toutefois, cette paix réserve des droits à
la famille de La Marck qui est également seigneur de Sedan.
Le mariage en 1591 de Charlotte de La Marck avec Henri de la Tour
d'Auvergne, vicomte de Turenne, fait passer les prétentions
sur Bouillon à une nouvelle famille. En 1676, pendant la
guerre de Hollande, Bouillon est assiégée par les
Français sous le commandement du maréchal de Créquy.
Le traité de Nimègue en 1679 confirme Godefroid-Maurice
de la Tour d'Auvergne comme duc de Bouillon malgré les
protestations du prince-évêque de Liège. Bouillon
est alors française et le restera jusqu'à la fin
de l'Ancien Régime.
Bouillon a été
liégeoise pendant près de six siècles mais
n'a jamais été élevée au rang de Bonne
Ville, bien qu'elle ait été autorisée à
s'entourer d'une enceinte fortifiée.
C'est à Bouillon que s'installe
Pierre Rousseau en 1759 après avoir été banni
de Liège et puis de Bruxelles pour y avoir diffusé
des idées de Voltaire. Il y fonde une importante imprimerie
et fait reparaître le Journal Encyclopédique*.
Aux XVIIIe
et XIXe siècles,
la localité connaît la prospérité avec
notamment la révolution industrielle qui voit l'installation
de ferronneries et de tanneries. Aujourd'hui, la ville vit principalement
du tourisme.
Parmi les curiosités à
visiter, il y a bien sûr le château avec ses trois
ponts-levis, mais aussi l'archéoscope consacré à
Godefroid de Bouillon et le musée ducal.
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* Pierre Rousseau (Toulouse 1727 - Bouillon 1785) a fondé
et dirigé l'édition du Journal Encyclopédique,
recueil bimensuel, qui paraît à Liège de 1756
à 1759, puis à Bruxelles pendant un très
court laps de temps, et enfin à Bouillon de 1760 à
1793. Le journal a même connu une édition italienne.
La collection complète compte 288 vol. in-12°.
LE LOUP (Remacle), Vue de la Ville
et Chateau de Bouillon Capitale du Duché de ce nom.
- vers 1735.
Affiliations :
Duché de Bouillon
France, dép. des Ardennes (1795)
Pays-Bas, prov. du Luxembourg (1815)
Belgique (1830)
Province du Luxembourg
Arrondissement de Neufchâteau
Région wallonne